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This is the end
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L’année 2020 s’achève, éprouvante pour tout le monde, je crois. Sur le plan personnel, elle ne m’a pas épargné, passons. De toute façon, j’ai l’impression qu’elle n’a oublié personne.
Sur le plan professionnel, 2020 fut une année très étrange, forcément.
Des dix ouvrages que j’avais prévus au budget, je n’en ai publié que sept, repoussant à 2021 les parutions de Émissaires des morts d’Adam-Troy Castro et des Maîtres enlumineurs de Robert Jackson Bennett – c’était sur le papier deux gros enjeux pour 2020, et avec le recul je suis convaincu qu’il n’y avait pas de meilleure solution que ce report à la James Bond (Albin Michel a reporté ou annulé environ 100 titres de sa production 2020 sur 400). Quant à l’intégrale reliée d’Anatèm, elle a disparu corps et âme dans le confinement et refera peut-être surface dans quelques années. Donc forcément on n’a pas fait le chiffre prévu au budget, rien que de très prévisible, et aucun titre n’a atteint un score de 8000-10 000 ventes, niveau de succès au-delà duquel on peut se dire que « tout va bien » en toute sérénité.
Donc sept romans parus : Un océan de rouille de C. Robert Cargill, Cosmos Incarné de Jean-Michel Ré, Le Magicien quantique de Derek Künsken, Le Livre de M de Peng Shepherd, La Fin des étiages de Gauthier Guillemin, Quitter les monts d’Automne d’Emilie Querbalec et La Marche du levant de Léafar Izen.
Un livre d’imaginaire ça vit minimum 18 mois et il est donc trop tôt pour parler d’échecs, même si certains de ces titres sont assez mal engagés sur le chemin d’un franc et massif succès.
J’ai une pensée pour les « deux garçons malchanceux », Derek Künsken dont on a publié Le Magicien quantique juste avant le premier confinement et Gauthier Guillemin dont le second roman est fabriqué, le SP envoyé au moment du confinement et qui voit sa parution finalement reportée au 1er juillet, ce qui était la moins mauvaise des solutions, mais vraiment pas idéal.
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Sucess stories
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Par contre, certains titres de 2020 ont d’ores et déjà sorti la tête de l’eau et ne peuvent plus être déficitaires : Le Livre de M, évidemment, meilleure vente de l’année sans même prendre en compte le numérique, roman réimprimé une fois, bientôt deux ?, vendu en poche et en audiolivre.
Monte sur la seconde marche du podium (et c’est plus surprenant) Un océan de rouille de C. Robert Cargill qu’on aurait sûrement réimprimé sans le premier confinement et dont les ventes papier se sont pour (grande?) partie – on ne le saura jamais – transférées sur le numérique. Car c’est incontestablement la meilleure vente numérique de l’année, loin, très loin devant les autres. Un océan de rouille est disponible en audiolivre et sortira en poche au Livre de Poche.
En troisième position vient Quitter les monts d’Automne d’Émilie Querbalec qui a démarré plutôt lentement sa carrière, mais s’est emballé en décembre, ce qui nous a valu une belle première réimpression un peu acrobatique. Il est tout à fait possible que les ventes de ce roman (vendu en poche, mais pas en audiolivre) finissent par dépasser celles du C. Robert Cargill. En tout cas, à notre échelle c’est déjà un fort joli succès après seulement quatre mois d’exploitation (dont la période compliquée du second confinement). Évidemment, la carrière de Quitter les monts d’Automne est loin d’être terminée : Émilie devrait signer au printemps, est invitée aux Imaginales et sans doute ailleurs.
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Palmarès 2020 (papier plus numérique)
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1/ Le Livre de M
2/ Un océan de rouille
3/ Quitter les monts d’automne (avant retours – mais pour le moment, il n’y en a pas)
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Palmarès numérique :
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1/ Un océan de rouille
2/ Le Magicien quantique
3/ Semiosis
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The future is now
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Si tout se passe selon mes plans, 2021 sera une grande année pour Albin Michel Imaginaire, avec Adam-Troy Castro, Nick Harkaway, Robert Jackson Bennett, Tom Sweterlitsch et Estelle Faye. Vous voyagerez beaucoup : dans le monde-cylindre Un Un Un où deux meurtres viennent d’être commis (Émissaires des morts) ; dans le Système de démocratie direct qui a remplacé la monarchie parlementaire britannique qu’on croyait éternelle (Gnomon), à Tevanne où la magie de l’enluminure permet aux objets de contourner les lois de la physique (Les Maîtres enlumineurs), sur les côtes enneigées de Terre-Neuve, au XVIIIe, après un terrible naufrage (Widjigo). Il y aura de l’espace, du cyberpunk, du merveilleux philosophique, de l’alchimie, de la magie, des monstres… Tout ce qui fait l’imaginaire (et même des dragons, chez Adam-Troy Castro !)
Et en septembre, il vous faudra sérieusement accrocher votre ceinture car on va vous propulser des milliards d’années dans le futur, observer l’impermanence des civilisations organiques, digitales et autres. Vertige assuré.
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The show must go on !
Gilles Dumay
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(Playlist de rédaction du bilan : Matrice, Gérard Manset ; Immigrant song, Karen O/Trent Reznor/Atticus Ross ; Blackstar, David Bowie ; Hurricane, Bob Dylan ; All is violent, all is bright, God is an astronaut. Vous pouvez trouver tout ça sur Youtube.)